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2024, un enjeu planétaire avec 4.1 milliards d'êtres humains appelés à voter

Sans précédent historique, 2024 est une année électorale mondiale où la moitié de la population planétaire, en âge et en capacité de voter, est appelée aux urnes. 68 pays sont concernés sur 195. De l'élection présidentielle aux Etats-Unis, aux élections européennes en passant par le Brésil, le Mexique, l’Inde, ­le Pakistan, le Bangladesh, l’Indonésie, la Russie, ou encore une vingtaine de pays d'Afrique subsaharienne et du nord. Soit les 3/4 des Etats les plus peuplés au monde et un peu plus de 346 millions de citoyens rien que sur le continent Africain, du Maghreb au Cap de Bonne Espérance. Que représente cette année-aux-1000-scrutins, jamais vue, pour les droits des femmes et la liberté ?

L'année électorale 2024 s'annonce comme une période cruciale dans le monde, avec près de la moitié de la population mondiale impliquée dans des élections de grande envergure. Les enjeux économiques et géopolitiques qui en découlent seront considérables, impactant profondément les états et l'état actuel du globe, en profond recul démocratique depuis 2020.

Parmi les pays majeurs concernés par ces élections, citons les États-Unis, l'Inde, la Russie, la France avec les élections européennes du mois de juin, ou encore la Tunisie, le Sénégal, le Ghana, l'Ile Maurice, le Botswana et l'Afrique du Sud. Ces six pays faisant logiquement partie des dix pays d'Afrique, considérés comme libres et démocratiques.

Ces nations jouent un rôle central dans la scène mondiale, et le résultat de leurs élections peut avoir des répercussions majeures sur l'économie planétaire, les alliances stratégiques, et la stabilité géopolitique. Sur le plan de l'égalité et des droits des femmes, les élections de 2024 offrent une opportunité de progresser vers une représentation plus équilibrée au sein des gouvernements. Les avancées dans ce domaine peuvent influencer positivement les politiques en faveur des droits des femmes et des filles, ouvrir des portes pour l'égalité salariale, et promouvoir une participation active dans tous les secteurs de la société.

Malheureusement, les résultats de ces élections peuvent également avoir des conséquences négatives. Des gouvernements moins favorables à l'égalité des genres pourraient remettre en question les droits des femmes et des filles, menaçant ainsi les acquis précédents. Cela souligne, s'il fallait le rappeler, l'importance de la participation citoyenne et de la mobilisation sociale.

témoignage laure rondeau desroches

Tour d'horizon

Aux Etats-Unis, les élections présidentielles qui auront lieu en novembre prochain, vont remettre sur le devant de la scène un Donald Trump poursuivi par la justice pour (entre autres) un paiement de pot-de-vin à une actrice de film X juste avant l'élection présidentielle de 2016. Afin qu’elle ne rende pas publique cette relation intime.

Ajouté à cela les nombreuses affaires de moeurs auxquelles ce dernier a été mêlé durant toute sa présidence de 2017 à 2021 (allégations soulevées par plusieurs femmes ayant affirmé avoir été victimes d'inconduite sexuelle de sa part dans le passé, enregistrement audio dans lequel ce dernier fait des commentaires vulgaires et dégradants sur les femmes), nous sommes en droit de nous poser la question du message et de la place accordée aux femmes dans la politique de ce président ?

 

En Inde, les réformes avaient plutôt bien débutées pour les femmes. En octobre 2023, le parlement adopte à la quasi-unanimité, une loi qui instaure et impose un quota de plus d’un tiers de femmes (33% des sièges) à la Chambre basse du parlement et dans les assemblées régionales. Une vraie bataille constitutionnelle débutée il y a 20 ans pour les Indiennes et enfin obtenue. L'Inde ayant toujours été l'une des démocraties les plus inégalitaires pour les femmes.

Malheureusement, ce quota ne sera pas effectif aux élections prochaines de mai 2024. Et possiblement aux élections de 2029. 2034 sera donc peut-être l'année de la démocratie pour les femmes en Inde ! D'après le gouvernemet actuel, cette loi ne doit entrer en vigueur qu’après la conclusion du recensement de la population et du nouveau découpage des circonscriptions. Ceux-ci initialement prévus en 2021, et repoussés par le premier ministre actuel officiellement en raison de la pandémie de Covid-19, officieusement pour des raisons bien plus ambarrassantes.

 

En Russie, aucune question ne se pose puisque Vladimir Poutine a assuré son poste au moins jusqu'en 2036 en faisant réviser la constitution en 2020. Candidat à sa réélection pour un cinquième mandat en mars 2024. Il aura passé 36 ans au pouvoir en 2036, avec six mandats à son actif de six années chacun.

Qui plus est, la place des femmes dans la politique russe est faible depuis des décennies, elle l'est encore aujourd'hui. A la Douma (Chambre des députés du Parlement) 44 députés sont des femmes sur 450 (Chambre basse), et 9 sénateurs sont des femmes sur 180 (Chambre haute). La politique en Russie n'est donc qu'une affaire d'homme !

 

En Tunisie, l'élection présidentielle aura lieu en octobre 2024. Outre une économie en berne, des difficultés financières et une opposition réduite au silence. L'un des principaux enjeux est diplomatique, avec la nécessité de trouver un accord migratoire avec les capitales européennes. Le président actuel étant très réticent.

Malgré son exemplarité de façade concernant la place des femmes tunisienne en politique, les droits fondamentaux sont loin d'être respectés. D'après Amnesty International, les femmes non mariées se voient souvent refuser le droit à un avortement. Les Tunisiennes passent huit fois plus de temps à effectuer des tâches ménagères que les hommes. Celles qui ont le cran de signaler des violences déclarent souvent que la police les dissuade de porter plainte en leur disant de penser d’abord au bien-être de leurs enfants et ne pas briser la famille. Le Code pénal classe la violence sexuelle comme une attaque contre la décence d’une personne, en mettant l’accent sur les notions d’« honneur » et de « moralité ». Le viol est mal défini et le viol conjugal n’est même pas reconnu. Un vide juridique permet toujours aux violeurs d’échapper à leur condamnation s’ils épousent leur victime adolescente.

 

En Afrique du Sud, c'est le parti historique de Nelson Mandela qui est sur la sellette (Congrès National Africain (ANC)). Corruption, insécurité, chomage ont gangrené la gouvernance actuelle. Les femmes  représentent plus de 46% des membres du Parlement et pourtant, toujours selon Amnesty International, les féminicides par exemple ont connu une hausse de 10,3 % : rien qu’entre juillet et septembre 2022, soit 989 femmes tuées en trois mois. De même, le nombre d’infractions sexuelles et de viols n'ont cessé d'augmenter entre 2022 et 2023. L’accès limité à des services de santé sexuelle et reproductive, la pénurie de contraceptifs, l’absence d’éducation complète à la sexualité, la pauvreté et les violences fondées sur le genre contribuent également à l'augmentaition de grossesses précoces (entre avril 2021 et mars 2022, 90 037 filles âgées de 10 à 19 ans ont accouché).

Ainsi, et malgré des progrès notables en politique qui pourraient laisser entrevoir de vraies mesures d'égalité et des changements dans la vie quotidienne des femmes pour leurs droits. L'économie du pays et le chômage restent des problèmes majeurs. Ajouté à cela une discrimination toujours présente envers les Noirs, les femmes ne peuvent être que plus durement affectées encore. Seulement 47% d'entre elles ont un travail et ces emplois, en particulier pour les femmes noires, sont souvent précaires. Plus de la moitié des femmes noires de tous âges vivent sous le seuil de pauvreté.

 

Au Pakistan, les élections législatives auront lieu le 8 février 2024. Le principal homme politique du pays a été incarcéré en août 2023 par les militaires tout puissants de l'état. Les mêmes par lesquels il était arrivé au pouvoir. Cette arrestation a déclenché une vraie crise sociale au sein de la population, excédée par le ping-pong incessant entre affaires politiques et pouvoir militaire. 

Face à cette situation, l'inégalité entre les hommes et les femmes est bien ancrée mais pire encore, l'inégalité est surtout présente entre les femmes elles-mêmes. Au Pakistan, on trouve des femmes avocates, entrepreneuses, enseignantes, universitaires et 33% des sièges au Parlement national sont réservés aux femmes. Il existe même un Ministère pour le développement des femmes. Malheureusement, seules les femmes issues de familles libérales et "bien nées", vivant dans un milieu urbain, peuvent étudier et travailler. Les autres vivent dans un monde très limité et oppressant, marqué par des idées morales strictes, basées sur la religion et la tradition où les tribunaux tribaux ont le dessus sur les tribunaux étatiques.

Ce qui pourrait changer pour les femmes...

...si la parité et l'égalité étaient respectées en politique partout dans le monde. 

Il est difficile de prédire de manière précise les impacts spécifiques que les élections dans le monde auront sur les droits des femmes et leur liberté dans chaque pays concerné. Les résultats électoraux peuvent varier considérablement en fonction des candidats, des partis politiques et des agendas spécifiques qui prévalent dans chaque contexte national.

Cependant, on peut discuter de manière générale de certaines tendances et considérations qui pourraient influencer les droits des femmes et leur liberté :

Leadership et Politiques Gouvernementales : Les élections présidentielles et parlementaires peuvent avoir un impact significatif sur les politiques gouvernementales. Les leaders élus, ainsi que les partis politiques en charge, peuvent influencer les décisions en matière de droits des femmes. Des leaders engagés en faveur de l'égalité des genres peuvent promouvoir des lois et des politiques qui renforcent les droits des femmes.

Législation : Les élections législatives peuvent affecter la composition des organes législatifs nationaux, qui jouent un rôle crucial dans l'adoption de lois liées aux droits des femmes. Des législatures diverses sont souvent associées à une prise de décision plus équilibrée en matière de genre.

Engagement Politique : Les élections offrent également une plateforme pour les questions liées aux droits des femmes. Les candidats et les partis politiques peuvent être évalués en fonction de leur engagement en faveur de l'égalité des genres et de leur volonté de promouvoir les droits et la liberté des femmes.

Politiques Socio-économiques : Les politiques économiques et sociales mises en place par les gouvernements peuvent également avoir un impact sur les droits des femmes. Des politiques favorables à l'éducation, à l'emploi équitable, à l'accès aux soins de santé et à la lutte contre la violence basée sur le genre peuvent contribuer à améliorer la situation des femmes.

Lutte contre les Discriminations : Les élections peuvent être un moment opportun pour mettre en avant la lutte contre les discriminations de genre. Les campagnes électorales peuvent servir de plateforme pour sensibiliser le public aux problématiques spécifiques auxquelles les femmes sont confrontées.

témoignage laure rondeau desroches

Le Mexique, figure d'espoir ?

Au Mexique, 2024 va marquer un tournant pour le pays et sa politique ! Ce sont deux femmes qui vont s'affronter pour la présidence en juin prochain. Claudia Sheinbaum (ancienne maire de Mexico) et Xochitl Galvez (sénatrice de l'opposition de droite) sont désormais toutes les deux en lice pour succéder au président sortant. Une première dans un des pays considéré comme le plus machiste et dangereux pour les femmes (dix femmes sont tuées chaque jour).

Selon le site d'informations RFI, de nombreux mouvements féministes ont fait entendre leurs voix ces derniers temps au Mexique, afin de réclamer de vraies mesures pour la protection et le respect des droits des femmes. Cependant, le gouvernement actuel est accusé de n'avoir fait qu'ignorer le problème. Ainsi, et malheureusement, beaucoup de mouvements et associations féministes dénoncent l'absence actuelle de promesses politiques pour la cause des femmes dans les programmes de ces deux candidates. Certaines activistes du pays, ne perdent pas espoir en mettant sur la table, notamment de nombreuses propositions et un agenda solide pour engager la conversation et les soumettre leurs actions aux deux candidates.

Le temps nous dira si le Mexique aura été un cas d'école et créé un précédent pour ouvrir la voie vers un nouvel ordre mondial. 

Par Bérengère Soyer
Crédits photos Canva

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