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Portraits

Emmanuelle Duez, l'entrepreneuse rêveuse

Elle a créé The Boson Project, cabinet de conseil aux entreprises porté par les valeurs de la génération Y dont elle fait partie. L’engagement au travail, et dans la vie en général, est l’un des sujets où elle brille de son intelligence vive et de son franc-parler toujours pertinent. Emmanuelle Duez est inspirante et nous donne envie d’agir, nous aussi, pour changer le monde en entreprenant…

Emmanuelle Duez, vous venez d’être mise à l’honneur par Thinkers50, qu’est-ce que la notoriété vous apporte dans votre quotidien d’entrepreneuse ?

Bonne question…

Déjà, je dirais qu’il faut rester très humble par rapport à cette question car, en réalité, on est toujours l’inconnu de quelqu’un et cette notoriété peut disparaître à tout moment, mais aujourd’hui, si notoriété il y a, je dirais qu’elle me contraint chaque jour à l’exigence et à l’excellence dans mon travail. Du haut de mes 32 ans, je suis toujours extrêmement reconnaissante et étonnée que des gens s’intéressent à moi et au Boson*, nous fassent confiance et relaient nos convictions. Je ressens la responsabilité individuelle et collective d’être toujours au rendez-vous, de toujours m’améliorer et augmenter le niveau d’excellence.

Petite, quel était votre rêve le plus fou ?

Petite, je voulais être un super héros. D’ailleurs, j’étais persuadée d’avoir des super pouvoirs ! Aujourd’hui, je crois que les enfants ont réellement des super pouvoirs …

Adulte, je n’ai pas renoncé à ce rêve. Je ne sais pas si j’ai des super pouvoirs mais en tout cas, j’ai une super énergie et surtout, une très très grande volonté de transformer mes idéaux, mes angoisses, en actions positives. Donc je suis un transformeur ! C’est le pont que j’ai fait entre mes rêves de petite fille et ma vie d’entrepreneure militante et engagée aujourd’hui.

Votre envie d’entreprendre, ça vous vient d’où ?

Je n’ai pas d’entrepreneurs dans ma famille, donc je ne savais pas ce qu’était un entrepreneur. Dans toutes mes précédentes entreprises, je ne me sentais pas à l’aise, pas à ma place. Finalement, ça a été mon déclic négatif. Je me sentais à l’étroit, en dehors de la norme.

Emmanuelle Duez

La première fois que vous vous êtes sentie à votre place dans un univers professionnel, c’était où/quand ?

Dans le projet WoMen’Up*. J’ai eu cette fois-ci un déclic positif. Je voulais faire bouger les lignes de la mixité en entreprise. Parce que la cause me semblait belle et que je ne me retrouvais pas dans la plupart des combats féministes dont le socle intellectuel repose beaucoup sur notre histoire passée et sur une logique de domination masculine sur les femmes. Moi, j’avais plutôt envie de proposer une histoire entre aujourd’hui et demain, qui s’affranchisse du passé et qui regarde davantage vers le futur.

En menant ce combat intellectuel, j’ai dû monter un projet, une équipe, lever des fonds… Et c’est la première fois que je me suis sentie réellement à ma place. J’ai senti que ce que j’étais, ce que je savais faire et ce que j’aimais faire était parfaitement aligné avec l’objet que je servais et l’équipe que j’avais agrégée autour de moi. J’ai compris que j’étais fondamentalement une entrepreneure au sens où c’est l’expression même de ma personnalité.

Emmanuelle Duez

Vous est-il déjà arrivé de douter ? Comment avez-vous fait pour surmonter ce passage ?

Oui, bien sûr ! Je doute souvent et d’après moi, c’est ce qui fait un bon leader. Je pense que le bon entrepreneur est un savant équilibre entre le doute et la prise de décision folle et rapide, donc l’absence de doute. Ce sont des moments qui amènent à équilibrer la balance entre les deux extrêmes.

Un gros moment de doute dans ma vie a été de me séparer de mes associés au début de mon aventure entrepreneuriale. Après un an de travail ensemble, nous nous sommes séparés avec pertes et fracas. Ça m’a beaucoup fait douter car l’entrepreneuriat est au service de mes convictions et des humains qui y croient. Cette expérience a complètement discrédité cela et je me suis demandé quel en était le sens, ce que cela représentait pour moi et jusqu’où j’étais prête à aller. Finalement, j’ai décidé de me faire confiance et de croire en ma capacité à créer une aventure humaine vertueuse intérieurement et extérieurement.

Donc oui, une entrepreneure doit douter quand il le faut mais aussi savoir sauter sans parachute quand c’est nécessaire. Pour ce faire, à mon sens, il y a deux éléments indispensables : confiance en soi et confiance en l’autre. La confiance en soi se travaille. Plus on vise l’excellence, on se remet en cause et on s’entoure de gens intelligents, et plus on gagne en confiance. C’est un véritable entraînement. La confiance en l’autre aide considérablement à surmonter les doutes. Quand je doute, je peux me tourner vers mon équipe. Mes Bosons sont beaucoup plus forts que moi sur certains sujets précis et ils complètent mes faiblesses. C’est comme ça que l’on arrive à prendre des décisions intelligentes.

Le mois de mars résonne droits des femmes, ça vous évoque quelque chose en particulier ?

Oui, évidemment ! Je pense que les thématiques de mixité dans la société sont un des leviers de modernisation de la manière dont on vit, dans l’entreprise comme dans la cité. Quand on tire le fil de la pelote, tout vient après… éducation, management, tolérance à la différence. On ne le dit pas assez car les débats sur les femmes sont très centrés. Ces questions sont finalement des lunettes à travers lesquelles on peut lire la société.

Un monde mixte est un monde en avance sur son temps. Un monde qui se pose des questions sur l’autre et sur le temps qui passe.

Si vous en aviez le pouvoir, que changeriez-vous immédiatement dans les entreprises françaises ?

Le plus efficace serait, selon moi, de modifier la façon dont on évalue la performance financière dans l’entreprise. Si demain on changeait la manière dont on construit les bilans et les comptes de résultats pour y incorporer la création de valeur humaine, sociale et environnementale et les valoriser financièrement, alors je pense qu’on changerait rapidement la face du monde.

C’est quoi le secret de l’engagement dans sa vie professionnelle selon vous ?

Le premier élément, c’est le plaisir. Il faut prendre son pied dans la vie pour ne rien regretter. Et le deuxième élément, c’est la cohérence, l’alignement des valeurs et le sens que vous trouvez dans ce que vous faites au quotidien par rapport à ce que vous êtes. Ce n’est pas tant le sens dans l’absolu que l’alignement du sens.

Il faut aussi rire et aimer les gens avec lesquels on travaille, ne pas avoir besoin de mettre un masque pour aller bosser. C’est absolument essentiel. Le secret, c’est d’entrer en résonance avec ce que l’on fait. C’est très exigeant car ce n’est pas possible dans tous les jobs.

Emmanuelle Duez

Êtes-vous une entrepreneuse heureuse ?

Oui, ça c’est sûr. D’abord parce que j’ai une équipe absolument formidable. Composée de gens tous plus extraordinaires, singuliers, curieux, étranges les uns que les autres et c’est ce qui me nourrit au quotidien. Mais aussi parce que nous avons des missions fantastiques pour des clients courageux que j’estime beaucoup.

Parce que notre quotidien, c’est le capital humain, donc c’est rencontrer des gens, créer des liens, faire en sorte que la magie opère et que des gens désengagés reprennent les manettes collectives de l’organisation. Je suis une boulimique de travail et je n’ai pas de limites dans mes projets et aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir l’entourage professionnel et familial qui me permet de le vivre.

La phrase, citation, image qui vous donne la niaque :

« L’inspiration commence l’œuvre ; la volonté l’achève. » (Eugène Marbeau)

Par Violaine Berté
Crédit photos The Boson Project

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